Extrait de Souvenirs de Guadeloupe et d’ailleurs, de XXXXXX
Extrait de cette biographie familiale :
« […] La vie était à la fois compliquée et simple : le quotidien ne laissait pas place à l’oisiveté et pourtant, malgré cette rudesse, nous étions heureux et soudés. Avec sa coiffe traditionnelle colorée, joliment nouée sur la tête, et sa robe assortie, bouffante, lui donnant un air de petite poupée, ma grand-mère s’activait ainsi à de multiples travaux, entre culture de la terre et préparation des repas. Son regard légèrement tombant lui donnait un air à la fois doux et triste. J’imagine que comme beaucoup de femmes de sa génération, elle avait été habituée à cette existence, et ainsi je ne l’ai jamais entendue se plaindre de sa situation : c’était ainsi, voilà tout.
Les cases pouvaient, d’ordinaire, être déplacées, mais celle de ma grand-mère avait été construite sur une dalle en béton : cela n’était donc pas envisageable. Certains transportaient ainsi leur baraque d’un emplacement à un autre, parcourant quelques kilomètres à dos de mules ou sur des charrettes, dans un équilibre précaire à la limite du burlesque. Mi-paysans, mi-travailleurs, ces populations pauvres trouvaient dans le nomadisme la clé de leur survie : ils allaient là où la terre était fertile, et là où ils pouvaient espérer se rendre utiles en l’échange d’un petit « salaire […] ».