Céline Weissier – Les mots à la page

Jérôme, DG atypique & inspirant

Portrait de Jérôme Menu, DG de MCI Chambly, par Céline Weissier

DG porté par des valeurs humaines nobles et sincères – Croit en ceux qui bossent et se dépassent – Électron libre toujours en quête d’un nouveau projet – Trace sa route sans (trop) se soucier du qu’en-dira-t-on

PDG de MCI Chambly depuis 2017, Jérôme Menu et ses équipes accompagnent de grands groupes comme Dalkia ou Engie. La chaudronnerie industrielle ? Un secteur qui forge les caractères comme le métal. Ici, le son des outils résonne dans les cœurs, tout comme les valeurs de la PME, rivées dans le fer. Pas de palabres, mais la force de travail des Hommes, et les convictions de Jérôme, aussi.

Jérôme n’est pas de ceux auxquels on raconte la messe. Sourire en coin, regard amusé, verbe haut placé, le quarantenaire en a vu d’autres. À la tête d’une entreprise au chiffre d’affaires de 5 millions d’euros, rien ne le destinait pourtant à assumer la direction d’une telle structure.

« Il est très important pour moi de transmettre »

Jérôme Menu

Aujourd’hui, Jérôme porte ses propres objectifs de vie et tente de les concilier avec sa mission de chef d’entreprise. Ses équipes, il les guide plus qu’il ne les dirige : « […] comme je le dis souvent, je ne fais que donner une chance à ceux que je croise […] », précise-t-il dès le début de notre échange.

Dans l’atelier ou dans les bureaux, les louanges sortent des bouches les moins affables : « […] Jérôme est un PDG qui n’en est pas vraiment un, il est vraiment à l’écoute […] », confie un de ses collaborateurs, d’ordinaire peu loquace.

Mais qu’est-ce qu’être un bon dirigeant, justement ? Cette question fait sourire Jérôme. Peut-être parce qu’elle le renvoie à son parcours et à ses aspirations ? Si la nécessité « de pouvoir être libre et d’être acteur de son quotidien » est devenue son mantra, c’est aussi parce que l’homme connaît le poids du travail et du labeur.

Avant d’être dirigeant, Jérôme a connu le terrain, les ateliers de métallurgie, le travail en équipe. Sa foi en l’homme, il la tient de ces expériences, « formatrices et à jamais gravées dans le marbre ». De celles-ci est née cette volonté de donner sa chance aux profils « qui en veulent », les valeurs de sincérité et d’engagement comme unique cap.

Chez MCI, il s’emploie donc à pousser chaque collaborateur à se dépasser, pour le plaisir de les voir grandir. Des expérimentés, des jeunes, des diplômés, des autodidactes. Il ne recrute pas sur CV, mais selon l’état d’esprit des candidats : « […] j’adore pouvoir me dire que j’ai participé à l’épanouissement de mes coéquipiers. C’est hyper gratifiant pour moi, c’est même mon moteur […] en retour, je dois pouvoir compter sur eux […] ».

À l’extérieur de l’entreprise, Jérôme accompagne Sablons Entreprises, une association porteuse d’un projet sociétal en phase avec sa vision du monde. Jérôme, aux côtés d’autres entrepreneurs et d’élus, œuvre à mettre en relation collégiens et lycéens avec le monde de l’entreprise, par des actions de sensibilisation à l’échelle locale. Visites, vidéos pédagogiques…rendre visible la réalité du terrain et montrer aux jeunes générations comment tournent les boîtes, cela lui tient à cœur : « […] peut-être parce qu’enfant, j’aurais bien aimé être ainsi approché par les acteurs de l’entrepreneuriat […] », lâche-t-il…

Son dividende, ses collaborateurs !

Comme Jérôme apprécie les débats d’idées, la conversation glisse vite sur la perception de l’entrepreneuriat par la société civile.

Une vision vertueuse qu’il aime nuancer pour celui qui a connu les travers de ce type de poste : « […] pour moi, les big boss sont des gars d’envergure, mais tu peux vite de retrouver dans une situation dangereuse si tu ne fais pas gaffe […] », explique-t-il avant de préciser sa pensée : « […] si tu dépends trop de l’argent, tu es foutu […] moi, je ne prends aucun dividende, mon dividende, c’est la réussite de mes collaborateurs, ça me va bien comme ça […] ».

Inclassable, Jérôme croit donc en la participation active et bienfaisante des chefs d’entreprise. En d’autres termes, « Des gens qui participent au système, qui font avancer les choses » et qu’il est bon de saluer pour leur ténacité et leur travail : « […] on s’en prend dans la tronche, quand même […] ».

Entre deux cafés, Jérôme affine sa pensée et évoque les qualités essentielles d’un bon chef d’entreprise : « […] c’est quelqu’un qui sait embaucher meilleur que lui […] ». Ce qui explique sa volonté de déléguer et de former, pour mieux transmettre…

Jérôme croit dur comme fer dans les vertus de l’entrepreneuriat : une conviction qui prend racine dans son parcours et ses valeurs personnelles…

En quête de reconnaissance et d’aventures

Ce que Jérôme ne dit pas tout de suite, c’est combien il aime expérimenter. Pour cet éternel curieux, la vie n’est donc pas un long fleuve tranquille, mais bien une rivière où les rapides succèdent à une progression à contrecourant…pendant longtemps, il a voulu qu’on reconnaisse sa valeur : « […] plus jeune, je voulais un peu me faire remarquer […] », avoue-t-il.

Se confronter à la force des éléments, Jérôme en a besoin !

Moto, VTT, randonnée, et…road trip à bord de son camion aménagé achèvent de dresser le décor. Un DG, qui, s’il n’est pas comme les autres, cultive surtout l’art d’être lui-même : « […] je suis tellement heureux depuis que j’ai changé de mode de vie et que je suis mi-nomade […] je sais que ce n’est pas dans les critères qu’on attribue à ma fonction, mais c’est ce qui me convient le mieux […] ».

Trouver sa voie et tracer sa route

C’est aux origines qu’il faut revenir pour comprendre le parcours de Jérôme.

Jeune, celui qui se décrit avec humour comme « plus influençable qu’influenceur » n’est pas à l’aise à l’école. Rester assis toute une journée à écouter des choses « inutiles », ou du moins déconnectées de sa réalité le barbe : « […] je ne voyais vraiment pas où tout cela pouvait me mener. Du coup, je faisais pas mal l’idiot et avais de mauvais résultats […] ».

Issu d’une famille modeste de culture agricole, il est très vite orienté par ses parents vers la métallurgie : « […] un jour, après le Brevet, ils m’ont dit, tu vas faire ça, et j’ai suivi […] ». Le jeune homme débute un apprentissage. Il obtient son CAP et son BEP de chaudronnier, puis son CQFM en tuyauterie, à une époque où on apprenait vraiment les gestes techniques aux élèves : « […] je me rappelle le BP chaudronnerie : on avait 11 marteaux dans notre mallette. Lors de l’examen, on partait d’une tôle. Il fallait façonner une aile de Vespa […] aujourd’hui, cela est très différent », raconte-t-il, l’œil brillant.

S’ensuivent de multiples expériences professionnelles sur le terrain, dans les ateliers, en tant que technicien puis chef d’atelier. Jérôme semble avoir trouvé sa place et gagne sa vie, mais il aime aussi comprendre. « […] Je me demandais pourquoi le boss prenait telle ou telle décision […] » se remémore-t-il.

Ni une, ni deux, ce que l’école ne lui a pas donné, il va le chercher : « […] en 2000, j’ai suivi les cours du soir du CNAM et un DUT contrôle Gestion des Entreprises Administratives […] c’était très dur, car je n’avais pas les codes scolaires, j’en ai bavé, mais j’ai appris des choses » se rappelle-t-il.

Puis, un beau jour de 2007, alors qu’il est chef d’atelier, le destin semble lui sourire. On le contacte pour effectuer la passation de poste du directeur d’une filiale d’un grand groupe industriel du Nord, dans le bassin creillois. Jérôme s’étonne encore d’avoir été choisi pour le poste : « […] franchement, je ne sais pas pourquoi moi ! Sur le papier, je n’avais rien à offrir et d’autres candidats attendaient à la porte. Mais cet homme a cru en moi […] ».

Recruté pour faire le relai, il sera finalement catapulté au poste de directeur de site dès 2009. Revirement total…mais apprécié. Jérôme aime le monde des affaires, et semble plutôt doué pour ça. Il apprend les ficelles du métier, gagne de l’argent. C’est un peu la folie à tous les niveaux : « […] tu vis à la hauteur de ta paie. C’est vertigineux et dangereux […] moi qui n’avais aucune culture du luxe, j’ai découvert un autre monde, je n’avais bu que du Café de Paris dans les repas de famille ! », se marre-t-il, évoquant ses premiers déjeuners en compagnie de ses pairs.

Cette période fait aujourd’hui office de rempart : « […] je suis passé par le feu. J’ai connu les excès liés à ces postes et à ces milieux […] », dit-il, convaincu que cette expérience lui permet de prendre du recul dans ses fonctions actuelles.

Porter des valeurs saines et durables

À la tête de MCI Chambly, Jérôme pose son empreinte bienveillante, conscient des enjeux de demain et les pieds sur le terrain, bien ancrés sur terre.

Accessible pour ses équipes, il donne son temps pour construire et pérenniser des emplois, développer son business et surtout, apporter une expertise toujours plus pointue à ses clients : « […] un jour, je transmettrai tout ça, il y a un temps pour tout […] », place-t-il une nouvelle fois.

En attendant, il met en place des procédures et des indicateurs pour améliorer sa qualité de service et préserver la santé de ses hommes : « […] ma préoccupation principale dans un secteur d’activité accidentogène […] ».

Audit MASE, démarche ISO et RSE, les défis et projets ne manquent pas pour cet homme animé par l’envie d’avancer, certes hors des sentiers battus, mais avec du cœur et une philosophie bien à lui.

Depuis décembre 2022, Jérôme est également juge des Prud’hommes : « […] j’avais envie de mettre mon expérience au service des salariés et des entreprises […] » explique-t-il.

Et s’il passe du temps à instruire les dossiers qui lui sont confiés, il garde à l’esprit le pragmatisme qui le caractérise, tout en posant sa pierre de manière réfléchie : « […] je déteste les gens qui critiquent et qui ne font rien. De cette manière, je participe à la vie de la société et je laisse mon empreinte d’une manière intègre et positive, c’est aussi le fruit de 25 ans de travail […] ».

Adhérent auprès de la CPME Oise, Jérôme croit en l’action concrète des hommes d’expérience, des dirigeants de PME et de tous ceux qui entreprennent, « ils créent quelque chose et s’y investissent à 100% […] et connaissent le terrain […] ».

Écrire ce nouveau chapitre auprès des Prud’hommes le pousse à présent à imaginer ce qu’il laissera derrière lui, à ses collaborateurs comme au monde civil…

Donner le meilleur en gardant la mesure de toute chose…n’est-ce pas ça, diriger avec discernement ?

Article écrit par Céline Weissier, biographe professionnelle agréée

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